Comme nous l'avons vu dans l'article précédent, combattre une invasion de bambous quand on s'y prend trop tard peut être un véritable combat... 
Nous n'aimons pas les barrières anti-rhizomes, dites BAR. D'abord parce qu'elles sont assez difficiles à mettre en place, ensuite parce que j'ai un doute sur leur résistance à 20 ans.

Notre solution ? un fossé. Un vrai.

Suite du Nigra

Revenons à notre massif de nigra. Ce massif est un parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire avec des phyllostachys si on ne veut pas avoir d’ennuis à long terme. C'est comme ça qu'on apprend, hein !

nigra
Nigra 2008, côté ouest

Nous avons réussi à l'empêcher de passer du côté est de la source. Mais bien sûr il s'est aussi développé vers l'ouest.
Si vous regardez bien la photo, à droite on voit une autre ligne du même. C'est une poussée de chaumes que nous avons laissée, afin de montrer la différence entre un massif taillé en transparence et un autre laissé tel quel, beaucoup moins joli.
Pédagogiquement, c'est une bonne idée.
Jardinesquement, c'est une bêtise. Car le léger rideau prend de plus en plus d'importance, d'autres rhizomes commencent à envahir des endroits où ils ne sont pas les bienvenus (ce qui les laisse de glace).
Il faut à nouveau faire quelque chose. Deux facteurs vont me faciliter le travail. D'abord comme on le voit sur la photo, il n'y a pas de goulot d'étranglement et de tournant autour d'un mur. Donc les rhizomes ont pu s'étendre sans faire de blocs de racines si difficiles à casser. Ensuite il y a notre ami Michel ; sans doute que sa pratique pro du souba (moi je veux jouer de l'hélicon) lui a permis de développer de larges et solides épaules ? La pioche est pour lui un jeu d'enfant.

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le fossé

C'est parti : Un fossé de 20/25 cm de profondeur, en gros la hauteur d'un parpaing.

LE TRUC : on ne le bouche pas !
C'est là qu'est le secret. Car le phyllostachys a des racines peu profondes, et ne brille pas par son intelligence. Régulièrement, je vois une racine qui sort dans le fossé sur le côté. La plupart du temps elle monte verticalement, se transformant en turion, mais parfois elle plonge vers le bas et tente de s'enraciner dans la paroi d'en face. Il n'en est pas question.
Dans les deux cas, un coup de sécateur, et c'est fini.

Mais me direz-vous quid des chaumes mal situés, coupés de la plante mère, mais bien vivants ? Je coupe tout à ras du sol à chaque fois que je vois une tentative ; au bout de deux ou trois ans, les racines sont mortes faute de nourriture. Le seul coin qui résiste, c'est celui que j'avais laissé pousser à titre pédagogique. Là pas d'hésitation : vers 2010 un badigeonnage au pinceau des feuilles de repousse avec un bon poison des familles, pas vraiment écolo, mais efficace.

Depuis, plus de repousses, le bambou reste à l'endroit où il doit être. Il suffit de le tailler, mais c'est une autre histoire que nous aborderons plus tard.

Le Viridi glaucescens

Petit à petit nous avons étendu cette technique à d'autres massifs de bambous. Pas tous car ma foi certains ne s'étendent guère, en particulier ceux qui commencent à pousser fin juin, ce qui dans notre climat est bien trop tard pour avoir suffisamment d'eau pour prospérer.

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La barrière de Viridi côté ouest
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La barrière vue du nord
viridi3
un beau chaume

Le second à bénéficier de ce traitement est l'énorme Phyllostachys viridi-glaucescens. Ce bambou a été planté en 1990. Un seul pied dans le bois d'ormes morts ou mourants pour protéger nos futurs massifs du vent d'autan.
20 ans après, les chaumes atteignent 8 m de haut, et sont parfois bien épais (ça dépend de la pluie...). Peu à peu, le massif s'est étendu sur 15m. de long, d'est en ouest, exactement comme nous en avions envie afin de protéger nos massifs.
Mais il a commencé à remonter vers le nord, et là c'est NON.

2014, un nouveau fossé :

Viridi Z.JPG
le fossé

Ce fossé n'est pas bien grand, Il ne protège que le massif du banks, mais les rhizomes ne se développent pas vers l'ouest ni vers le nord-est, je ne sais pas pourquoi.

Ils vont aussi vers le sud, assez peu en fait, là l'agriculteur voisin gère la friche européenne et ils ne peuvent pas pousser.

On dirait que ce massif a atteint sa taille maximum.

Pleioblastus shibuyanus 'Tsuboi'

nigra
Les bambous du coin japonisant

C'est celui de droite sur cette photo de 2014.
Ce bambou panaché qui peut monter à 2 mètres de haut dans les bonnes conditions est réputé faiblement traçant.
ouais...
L'herbe en est envahie, ce qui n'est pas très gênant car on coupe les repousses à la tondeuse. Mais les rhizomes commencent à entrer dans le potager. Non, non, non !

 

Pleioblastus shibuyanus 'Tsuboi' (1).JPG
Le fossé

Nous avons d'abord fait un fossé d'une quinzaine de centimètres de profondeur. Merci Sören. Mais la plante mère est en contre-bas de la partie enherbée, je pense que la plupart des rhizomes sont plus profonds, au moins au départ.
Alors je profite de la visite d'une amie d'une de nos filles pour lui proposer de l’exercice ; hop, elle creuse un fossé de 30 cm, carrément ! Fossé qu'elle va étendre à l'autre bambou, le Pseudosasa japonica qui prend de plus en plus d'ampleur, et à son tour vise la partie enherbée.

Pleioblastus shibuyanus 'Tsuboi' (2).JPG
Petit problème

Là une chose que nous n'avions pas prévue : la source étant située plus haut que la partie bambous, il semblerait que les rhizomes de la partie enherbée apportaient beaucoup d'eau au massif.
Du coup le fossé a privé la plante mère d'un apport d'eau, qui ce mois-ci était nécessaire, vu qu'en Août il est tombé 10 mm.
Le bambou est tout sec, il a pris une belle claque. J'espère qu'il va s'en remettre.

L'entretien

Les fossés, ça se bouche ! mais là le travail est vraiment facile.

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sarcleur
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sarcleur : utilisation

D'abord il faut avoir l'outil absolument ad-hoc. Le voilà, c'est un outil assez peu connu, un sarcleur de pommes de terre.

Comme on le voit, il est pointu et large comme le fossé, ça tombe bien ! Il sert à repousser la terre entre les rangs de patates, pour recouvrir lesdites.
Je le mets dans le fossé et je tire... ça le recreuse un peu en même temps.

Application

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le fossé avant


Le fossé du Viridi est plein de gaine de chaume, de feuilles mortes de bambous et des arbres environnants ; Le tout ferait un magnifique compost... s'il pleuvait.

 

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nettoyage

Je plante le sarcleur à un bout, et je tire ! 10 minutes de travail, parce qu'une fois le fossé dégagé, il faut pousser les débris dans le bois, pour qu'ils le nourissent et pour éviter qu'à la première pluie tout retombe.

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et voilà le résultat