vu par un drone
vue du ciel

Le Lauragais est bien placé dans le changement climatique, au moins en Occitanie. A la frontière des influences océanique et méditerranéenne, il est balayé par des vents fréquents mais de plus en plus violents. Le vent d'autan bloque souvent la pluie et quand elle arrive c'est plus souvent des orages, de fortes averses voire des tempêtes. On a déjà eu une tornade, de multiples tempêtes, des sécheresses fréquentes, des canicules mais aussi du froid jusqu'à -10. C'est un climat difficile où c'est une vraie gageure d'avoir une nature foisonnante et en bonne santé.

Notre jardin qui a plus de 35 ans ne se visite qu'au printemps car il est sans intrant, avec le minimum d'arrosage jusqu'à une bonne reprise. Autant dire qu'en été il n'est pas montrable aux visiteurs qui cherchent un beau jardin vert et fleuri. L'été, il est au repos et nous aussi. J'ai toujours des scrupules à ce qu'on soit classé Jardin Remarquable, en revanche, il l'est par sa résilience ! Malgré tous ces aléas, il se maintient.

conifère thuyopsis
Fentes dans un sol non couvert

Tout est planté ensemble, arbres, buissons, vivaces , couvre-sols de façon à ce que le sol ne soit jamais nu, exposé au soleil et aux ravinements. Ça marche. Malgré cet été calamiteux - et cet automne aussi - il n'y a pas de fissures dans le sol pourtant argileux (alors que quand nous sommes arrivés, il y avait des fissures où le manche d'un balais entrait complétement !).

 

conifère thuyopsis
Thujopsis dolabrata 2016

Chaque sécheresse grave voit quelques plantations disparaitre : surtout les conifères en 2003, plutôt les Berberis cette année (mais peut-être repousseront-ils : Hubert les a taillés très bas) ;

Un conifère rare, Thujopsis dolabrata, issu de mes boutures et âgé quand même de plus de 20 ans, a fini par cuire sous le soleil brûlant.

Quelques arbustes placés dans un endroit qui ne leur convenait pas ont résisté dans un autre endroit plus à l'ombre et plus abrité.

sécheresse 2003
Sécheresse en 2003

À la différence de 2003 où le jardin avait un aspect général très sec et jaune, c'est grâce à la présence actuelle de nombreux arbres, haies, massifs arborés qui freinent le vent et ombragent le jardin que les dégâts sont nettement moins importants . En revanche, ces sécheresses récurrentes fragilisent beaucoup les arbres qui mettent de nombreuses années à se remettre ou finissent par mourir. Les frênes, les acacias poussent moins, sont recouverts de lichens, ils ont des branches desséchées et sont fragilisés, parfois attaqués par les insectes.

Chaque période difficile comme celle que nous vivons, transforme un peu le jardin car le climat change plus vite que l'adaptation des végétaux.

sécheresse 2003
L'acacia doré taillé
Les acacias (robiniers), très classiques dans le coin où les paysans s'en servaient pour faire de solides piquets, disparaissent peu à peu, tout desséchés du haut, avec des troncs pas droits. Les piquets qu'on a achetés cette année venaient de Bretagne. Le potager de notre voisin qui date de plus de 50 ans se situe en plein vent, plein soleil au milieu des terres agricoles près d'un puits peu profond laissant penser que la nappe phréatique affleurait : il est de plus en plus vide. Son jardin a toujours été cultivé sans eau autre qu'à la plantation ou au semis fournissant de belles récoltes de tomates, courgettes, haricots, pois, oignons et aulx, potirons. Tout sauf salades et radis, trop gourmands en eau. Pas d'arrosage mais de nombreux binages. Depuis quelques années, ça ne marche plus et les récoltes sont maigres.

 

Planter au bon endroit est devenu indispensable dans un jardin qu'on veut autonome pour les plantations. Peu à peu, j'ai rapatrié les vivaces dans 2 massifs proches de la maison qui ont droit à un traitement spécial : quelques arrosages durant l'été, tous les 15 jours au mieux. J'ai renoncé aux potées plein sud, même les plantes grasses ont été légèrement mises à l'abri du soleil. Les potées plein nord sont remplies de vivaces moins gourmandes en eau.

sécheresse 2003
Le sapin d'Andalousie

 

Heureusement la plupart de nos plantes se tirent bien de cette chaleur croissante, en particulier celles qui ont été très lentes à démarrer, faisant d'abord des racines profondes, comme l'Abies pinsapo de l'image à droite.

Le jardin est beau dès que le soleil se montre, des milliers de plantes sont bien adaptées au changement  :

sécheresse 2003
la grande rocaille