Ah, le Lauragais !

Notre terrain se situe dans le nord du Lauragais.
Cette région, pour simplifier, s'étend entre Toulouse et la Montagne Noire. C'est un ensemble de collines, séparées par des vallées orientées grosso modo est-ouest. Très vieille et riche terre à blé.

la terre

La terre est le terrefort une terre riche, très argileuse, sans cailloux et calcaire. Les plantes qui craignent le calcaire ne peuvent y pousser, car même faiblement présent, il est très actif.
En été, le terrain devient du béton mal aéré ; en hiver, beaucoup d'eau transforme la glaise en étouffoir humide.

le climat du Lauragais

Le climat y a été qualifié de " décevant " par un géographe local, Jean Odol

Agrégé de géographie, Jean Odol écrit beaucoup sur la région, son livre sur "Lauragais pays des cathares et du pastel" chez Privat est particulièrement intéressant.

L'hiver est, en général assez doux. Il peut arriver qu'il ne gèle pas du tout. Mais la température peut descendre à moins 10 pendant quelques jours. En 2001, nous avons même vu le lac en dessous geler suffisamment pour qu'on s'y puisse promener et la température rester glaciale pendant trois semaines de suite.

arbre

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La pluviométrie est très irrégulière. Elle varie d'une année sur l'autre entre 500 et 1000 mm, avec une moyenne aux environs de 700. Les changements sont très brutaux : en fin Juin c'est vraiment remarquable ; et désagréable ! En une semaine, on passe d'un beau début d'été vraiment agréable - où la promenade à l'ombre des arbres et des arbustes dans les sentiers est un vrai plaisir - à une chaleur torride, prennant 10 degrés au passage, sans eau pendant pratiquement deux mois ou trois. Tout sèche, les plantes passent au repos ce qui explique que les rosiers remontants n'ont aucune chance d'être beaux chez nous, sauf à arroser énormément !

no water

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On a parfois un bel automne, mais la plupart du temps la chaleur de l'été devient le froid de l'hiver sans transition. Tout dépend encore une fois de la pluviométrie. La caractéristique de ce climat est la brutalité des changements.

le vent

Un vent d'est très violent, l'«autan» dessèche en soufflant trois (ou six, même neuf, mais là c'est l'enfer) jours de suite. un excellent article de Jean Odol  (eh oui, encore lui !) dans "Couleur Lauragais".

Quand il ne vient pas de l'est (l'Autan), le vent arrive de l'ouest (c'est le Cers), ou du sud, ou du nord. En fait, il vente très souvent, vous l'avez compris, et quand nous voulions traiter les gravillons de la terrasse, le problème principal c'est d'attendre un jour où il ne souffle pas.

Comme on a renoncé à traiter, le problème ne se pose plus. La binette ne craint pas le vent.

Le jardin dans un tel climat

Ne connaissant pas du tout le climat, nous avons commencé le jardin un peu comme on le faisait à Paris (dans une terre sableuse de l'est parisien). Et planté des rosiers buissons comme "Papa Meilland" que j'aime tant. Bien sûr ils ont quasiment crevé aussi sec (c'est le cas de le dire).
Après ces quelques erreurs de démarrage, notre type de jardinage- qui cherche plus la place ad hoc pour la plante que la plante qui va faire joli à cet endroit - a porté ses fruits. Il aura fallu 15 ans (contre 5 ou 6 pour un jardin normal) pour que le jardin prenne son allure non pas finale, car il évolue en permanence, mais trouve un équilibre, détermine de nouvelles zones protégées, ombragées où de nouvelles plantes peuvent être installées.

Les plantes sont en bonne santé, et résistent aussi bien à -10 en hiver pendant quelques jours qu'à un mois d'août en général sans une goutte de pluie. Certaines plantes sensibles au froid résistent bien au gel grâce au choix de leur emplacement : protégées des vents, entourées de plantes-matelas.
Bon, la sécheresse de l'été 2003 a quand même provoqué des dégâts. Les 2/3 des conifères ne s'en sont pas remis. Nous avons renoncé à en replanter. Certains ont grillé au soleil de la canicule, d'autres ont seulement souffert mais sont morts étouffés l'hiver dans la glaise humide. En fait, beaucoup de conifères ne supportent pas bien ce climat, et si certains sont très beaux, les pertes sont importantes. Exit les Thuyas, Cupressocyparis, et autres Chamaecyparis divers. Ne subsistent que quelques conifères de la famille des Junipérus, Cupressus, Abies et Cèdres, avec des pertes chez les plus jeunes mal aoûtés.
Il nous paraît maintenant évident que si l'on envisage le jardin sur le long terme, il faut éviter les contresens, c'est-à-dire les plantes qui ne supporteront le climat que si elles sont aidées dès qu'il y a une difficulté ; protéger du froid, arroser, pailler, etc. Ainsi que les plantes qui n'aiment pas le calcaire, ni la glaise.
Et comment on apprend ? eh bien il y a les LIVRES, dans lesquels on trouve beaucoup d'informations. Et puis par essais/erreurs on acquiert de l'expérience.
Maintenant, Martine est capable de dire au feeling si et où une plante va se plaire. J'avoue que je suis meilleur en informatique qu'en feeling des plantes.